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A lire sur le blog de Thierry BILLET

Alors que M. ACCOYER renouvelle son soutien déraisonnable à la construction d'un nouveau stade à SEYNOD, Jean-Luc BENNAHMIAS qui partage avec Dany COHN BENDIT un amour immodéré pour le foot signe cet article raisonnable.

FIFA, matches truqués, affaires de mœurs : et si l'UE mettait le nez dans le foot ?

Avatar de Jean-Luc Bennahmias

Par 
Vice-Président du MoDem

 

De but en but, de match en match, de transfert en transfert, de saison en saison, le scénario semble immuable. Et pourtant proche de nous, toujours plus menaçant. C'est bien un avis de tempête et de gros temps qui risque de secouer le football dans ses fondations les plus essentielles.

 

Qui pourrait sauver le football ?

 

C'est en effet, une sale séquence que vit actuellement le monde du football de haut niveau : lourdes suspicions de corruption sur la FIFA pour l'attribution des grandes compétitions, vaste réseau de matchs présumés truqués, endettement record des clubs européens, où l'on perçoit bien difficilement ce que sont les règles du "fair-play financier", proposées utilement par Michel Platini [1].

 

Le football ne tourne plus rond. Cela devient même flagrant, le football a besoin d'un pilote, de règles, et d'un minimum d'harmonisation. Pourtant on peine à savoir d'où ils pourraient venir.

 

La FIFA, forte de moyens financiers considérables - dont la puissance avoisine celle d'un État - finance, aux quatre coins de la planète, des projets pour aider le développement du football.

 

L'UEFA joue son rôle dans l'organisation des compétitions européennes et propose d'équilibrer au mieux le choc des titans que sont aujourd'hui les clubs disposant de mécènes oligarques.

 

Le Conseil de l'Europe [2] multiplie, lui, les avis pour lutter contre les discriminations existant aussi sur le carré vert, et sonne l'alarme sur les transferts de joueurs mineurs que l'on achète mais que l'on jette aussi dans le désarroi le plus total, lorsque le conte de fée s'avère sans lendemain - certes, tout cela existe.

 

Mais, dans tout ce panorama, qui est de taille à s'immiscer dans les affaires intérieurs du football ? Quels sont les acteurs capables de sauver le foot de lui-même ?

 

L’Union européenne, l'outsider ?

 

C'est peut-être une surprise, mais ça pourrait être l'Union européenne. Si elle ne résoudra, à coup sûr, pas tout d'elle-même, plusieurs sujets peuvent et doivent être mis sur la table.

 

De l'action de l'Union européenne dans le foot, les connaisseurs retiendront évidemment (pour le pire et le meilleur) l'arrêt Bosman suivi de l'arrêt Malaja qui ont ouvert portes et fenêtres aux vents des transferts, sous le parapluie de la libre circulation et de la libre installation des activités professionnelles.

 

Ces décisions, plus juridiques que politiques ont évidemment été la source des déstabilisations que l'on connaît, même si elles ont aussi permis de financer, sur le dos des plus-values, nos centres de formation. Mais l'ouverture à la concurrence bien rarement "non-faussée" ne fait pas une politique.

 

Plus discrètement, l'Union européenne s'apprête, dans les mois à venir, à publier un texte sur le rôle des agents de joueurs. C'est une bonne chose tant les dérives de la profession sont légions.

 

En attendant, que faire ? Je considère, pour ma part, qu'il devient urgent de poser d'autres réformes dans le débat public.

 

Colmater les brèches béantes de notre législation

 

L'enquête actuellement menée par la police européenne, Europol, illustre s'il était besoin, que le football n'est évidemment pas à l'abri des réseaux mafieux européens et internationaux. Or si l'Union européenne a agi pour réglementer les paris sportifs (notamment en ligne) en exigeant plus de transparence et plus de contrôle, il faut bien se faire à l'idée que nos dispositifs de prévention sont aujourd'hui largement dépassés.

 

Il s'agit maintenant de donner plus de moyens à la police européenne et de colmater, aussi rapidement que possible, les brèches béantes de notre législation. Pour ce faire, la voie tracée dans le monde du vélo par l'agence mondiale de lutte contre le dopage est utile de leçons à bien des égards. Certes, le chemin est long, mais les efforts de long terme et les pressions exercées finissent bien par porter leurs fruits.

 

La dernière affaire en date, détrônant Lance Armstrong, prouve que finalement peu de cyclistes échappent aux sanctions. Ce qui a été fait sur le dopage doit maintenant être fait sur les paris sportifs. La mise sur pied d'une agence mondiale indépendante de lutte contre les matchs truqués permettrait dans un délai réduit de faire de véritables pas en avant.

 

Taxer les clubs pour réveiller l'instinct solidaire

 

Enfin, loin des paillettes et des projecteurs, ce sont des millions (ou plutôt des milliards) d'euros de dette qui s'accumulent dans les tiroirs de nos clubs européens. L'illusion ne durera qu'un temps.

 

L'idée d'une taxe Tobin sur les transferts de joueurs aurait à cet effet de multiples avantages. D'un montant de 5 à 8% sur chaque transaction, elle permettrait de redonner immédiatement un peu de concret à l'idée de solidarité et d'équité si souvent mise en avant sans "le début d'un commencement" de réalité.

 

Qui plus est, elle permettrait de venir soutenir les efforts de Michel Platini à la tête de l'UEFA pour une gestion plus saine du football professionnel. Alors que la politique de l'autruche actuelle nous conduit tout droit vers un système à l'américaine de ligues fermées, l'Union européenne a donc un rôle à jouer dans les prochaines semaines, pour prouver sa valeur ajoutée sur le sujet. Il faut, en tout cas, l'encourager en ce sens.

 

Le débat n'en sera pas clos pour autant, cela va de soi. "Salary Cap", fin du mercato d'hiver, quotas de joueurs formés au club, lutte contre le blanchiment d'argent sale... sont à l'évidence autant de sujets primordiaux si l'on veut redonner un peu de couleur humaine au football professionnel.

 

Briser l'omerta, à tout prix

 

À ceci, s'ajoute la question du dopage dont on peut observer de manière bien désagréable (lors du procès de l'affaire de dopage Puerto) que l'omerta règne toujours en maître lorsqu'il s'agit d'aller regarder au-delà du seul cyclisme.

 

À ce niveau de réforme, c'est une mobilisation de l'ensemble des passionnés du foot que nous attendons sans réserve. Ne rien faire serait condamner le football à son triste sort et prendre le risque de voir l'ensemble des sports, au premier rang desquels des sports comme le tennis ou le rugby, sombrer eux-aussi dans les mêmes turpitudes. On a d'ailleurs déjà pu observer que le handball français n'était pas vierge de travers.

 

Au niveau français, européen et international, la politique a donc bien quelque chose à apporter au football professionnel. Il faut maintenant une volonté politique et sportive pour renverser le rapport de force.

 

 

 

[1] Michel Platini est depuis le 26 janvier 2007 le président de l'UEFA

 

[2] Le Conseil de l’Europe est une organisation gouvernementale instituée le 5 mai 1949 par le traité de Londres. Elle est la doyenne des organisations européennes, par le biais des normes juridiques dans les domaines de la protection des droits de l’homme, du renforcement de la démocratie et de la prééminence du droit en Europe. C’est une organisation internationale dotée d’une personnalité juridique reconnue en droit international public et qui rassemble 800 millions de ressortissants de 47 États membres. A ce titre, elle constitue une institution particulièrement utile pour pouvoir dialoguer avec un grand nombre de fédérations nationales.

Commentaires

  • 1 - revenir aux matches diffusés par les chaines publiques.
    2 - Interdire les paris sur les matches qui aboutissent forcément un jour à des trucages.
    3 - Parler un peu plus du football amateur.
    On peut toujours s'abonner à notre journal
    www.reporter-de-village.fr
    Pour le prix d'une seule cigarette par jour...

  • Le SPORT, le vrai... celui de la compétion amicale et du développement et des valeurs morales est bien loin...
    Le SPORT est devenu une "Machine à Fric" et c'est à celui qui en gagnera le plus,aussi bien du côté des joueurs que du côtés des clubs et des intervenants ici ou là... Et pour ce là on va jusqu'a tricher et tout celà pour "flamber"...
    La raison pour le vrai SPORT reviendra-t-elle ?

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