Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

"Le gouvernement a besoin d'une remise en ordre et d'une clarification"

François Bayrou était l'invité de Serge Moati dans l'émission PolitiqueS, jeudi 13 décembre, sur LCP. Il a déploré « les grandes incohérences » et les « messages contradictoires » envoyés par le gouvernement sur tous les points.

« Il y a une décomposition générale, inquiétante, profondément déstabilisante, de toute la vie politique française, une disparition des repères auxquels nous étions habitués et des signes de grandes incohérences de la part du gouvernement. Les femmes et les hommes responsables vont devoir s'attaquer à remettre de l'ordre dans la maison.

Jean-Marc Ayrault annonce, et c'est sûrement bien intentionné, 2,5 milliards d'euros de dépenses nouvelles pour lutter contre la pauvreté. Vincent Peillon, ministre de l'Éducation nationale, a annoncé qu'il était prêt à entrer dans la grande discussion, qui dit-il 'n'a jamais eu lieu', sur la revalorisation des salaires enseignants. Nous avons multiplication des annonces de dépenses et les économies sont un chapitre complètement absent.

Or, je rappelle que François Hollande, dans une conférence de presse que dont j'ai approuvé les orientations, il y a un mois jour pour jour, a dit qu'il allait faire 30 milliards d'économies sur l'année qui vient. On peut sans doute les faire, ce sera très difficile. Mais on ne peut pas en même temps annoncer chaque jour des dépenses nouvelles, tous les jours – aussi bien intentionnées puissent-elles être – et ne rien dire sur le chapitre des économies. Tout cela est destructeur pour le citoyen, celui qui écoute le débat politique, qui est engagé, qui a voté et qui s'inquiète pour son pays. Les messages envoyés par le gouvernement sont contradictoires sur tous les points. »

« Comment lutte-t-on contre la pauvreté? En donnant du travail aux gens ! »

« On a besoin d'une mobilisation générale du pays sur le grand sujet du 'Produire en France', que j'ai lancé, défendu et qui est la seule possibilité de recréer de la richesse et des emplois. Comment on lutte contre la pauvreté ? En donnant du travail aux gens ! Ce n'est pas un dossier que l'on met dans le tiroir. S'il n'y a pas mobilisation de tous les Français comme citoyens, de toutes les administrations de l'État et de ceux qui ont la responsabilité de l'action publique en France, s'il n'y a pas cette mobilisation de soutien aux entreprises et à ceux qui créent des entreprises, si cette mobilisation n'est pas là, ce sera l'effondrement.

Vous avez vu le nombre d'emplois supprimés ces derniers mois, l'explosion du chômage, les centaines de milliers de familles devant leurs angoisses et leurs incertitudes, pour les plus jeunes ou les plus de cinquante ans... Si on ne concentre pas tous les efforts du pays, concentrés, rassemblés, fédérés pour ce seul sujet, on va à la catastrophe. »

« Quelque chose ne va pas dans l'organisation du gouvernement »

« Vous voyez à quel point il y a une inquiétude en face de tous ces signes contradictoires entre eux, qui sont autant de signes d'incohérences. J'ai été positif au moment de la conférence de presse de François Hollande. Je pense qu'il doit se rendre compte de la situation. Mais il y a probablement quelque chose qui ne va pas dans l'organisation du gouvernement, du pouvoir, de ses équipes. Il y a en tout cas besoin d'une remise en ordre et d'une clarification.

À Florange, la première chose, c'est de savoir s'il y a un projet industriel ou pas. Ce qui était pour moi extraordinairement choquant dans cette affaire, c'était qu'Arnaud Montebourg est venu à l'Assemblée pour dire : 'J'ai un repreneur crédible, qui est prêt à mettre 400 millions d'euros sur la table'. Le lendemain, Jean-Marc Ayrault disait qu'il n'y avait pas de repreneur. Vous vous rendez compte ce que ça signifie pour le citoyen bien intentionné ? Je n'ai pas du tout l'impression que ça ait débouché sur une meilleure entente entre ces responsables publics. On assiste à la mise en scène du silence d'Arnaud Montebourg, à la fâcherie visible entre les deux... Il y a un désordre, une incohérence qui ne peut qu'inquiéter ceux qui veulent que la France s'en sorte. Il y a un besoin de remise en ordre et de clarification. »

Majorité : « Tant qu'il n'y a pas cette direction (cohérente), je suis extérieur à tout cela »

« Ne laissons pas la place à l'ambiguïté sur mon entrée dans la majorité. Personne ne me demande rien et à juste titre. J'ai toujours refusé de privilégier des avantages de carrière et des postes, par rapport à ce que je considère comme essentiel et qui est le choix d'une direction cohérente et juste pour le pays. Tant qu'il n'y a pas cette direction, je suis extérieur à tout cela. Il y a besoin d'une politique qui jusqu'à maintenant n'a pas été définie depuis les dix dernières années : faire les réformes, rassurer le pays, dépenser plus justement l'argent public, arrêter de penser qu'il faille créer toujours plus de déficit et de dettes pour faire des chèques qui au final ne serviront à rien.

Tout cela, c'est une refondation de l'action publique en France. Cette refondation n'a pas été défendue dans la campagne présidentielle sauf – je le dis modestement et beaucoup de gens le disent parmi les observateurs – par moi. Et parce qu'elle n'a pas la majorité qu'il lui faut. Pourquoi n'y a-t-il pas la majorité qu'il faut ? Parce que nous vivons dans un système complètement absurde depuis des décennies, dans lequel nous sommes obligés d'être dans deux camps. À l'intérieur de chaque camp, les gens sont en désaccord entre eux. Ils pourraient trouver des accords s'ils traversaient la frontière. Mais la traversée des frontières est interdite ! »

Fillon : « J'y reconnais une part de l'inspiration nécessaire (…) pour notre pays »

« La situation à l'UMP, c'est la même chose. C'est cette décomposition dans un même camp. Mais si vous regardez de plus près, sur le fond, il y a une différence de ligne très importante. Copé dit : 'Je suis pour une opposition systématique, décomplexée, et notre mission est de faire tomber le gouvernement'. François Fillon dit quelque chose de plus profond et nuancé : 'Moi, ce qui m'intéresse, c'est de rassembler le pays pour qu'il se sorte des difficultés'. Cette ligne là, que François Fillon défend, j'y reconnais une part de l'inspiration nécessaire de l'urgence de ce qu'il y a à faire pour notre pays.

Le plus attristant pour moi, c'est que personne ne mesure où est l'urgence pour la France. Regardez en Italie : ce que Mario Monti a fait, c'est ça. Il a dit 'nous avons des opinion différentes, mais il y a une urgence pour le pays'. Et Berlusconi est en train de détruire ce rééquilibrage.

Vous voyez bien à quel point les choix qui viennent de droite comme de gauche sont par nature impossible. L'UDI, ce n'est pas autre chose que le troisième morceau de l'explosion de l'UMP. Ses responsables étaient tous à l'UMP depuis dix ans. »

« Le président de la République doit donner une hiérarchie des priorités ».

« Je crois que l'on ne peut pas y arriver si on ne met pas autre chose dans les esprits que la bouillie pour les chats qui depuis des années y règne. Il faut une hiérarchie des priorités C'est la tâche qui revient au Président de la République que de dire à son pays : 'Voilà où nous devons aller !'. Je dis que ce discours doit, devant le pays, défendre une idée simple : nous avons à reconstruire la force de production de la France.

Je sers, depuis dix ans ou quinze ans, les mêmes principes et la même idée. Aujourd'hui, à tous les yeux ouverts, il apparaît que ce que je voyais venir comme décomposition et comme échec, hélas on le vérifie tous les jours. Nous avons besoin d'une voix politique nouvelle et forte, qui permette de travailler ensemble à des gens qui après tout sont proches. Je rencontrais l'autre jour Michel Barnier, il pense à peu près comme je pense, et au Parti socialiste il y a des gens qui pensent de la même manière. »

Exil fiscal de Depardieu : « Des comportements anti-civiques »

« L'exil fiscal de Depardieu est moche. On est un pays en extrême difficulté. Et dans ce pays en extrême difficulté, on a des comportements qui sont peu civiques, anti-civiques. Et ça, ça se multiplie. Les gens pensent clairement que l'égoïsme, le sentiment de ses intérêts personnels, doit passer avant l'intérêt général. Ceci est le contraire de ce que l'on doit transmettre. »

Les commentaires sont fermés.