° Il est peut-être intellectuellement satisfaisant de vouloir dépénaliser le cannabis pour des raisons d'ordre public et d'impuissance actuelle vis à vis des dealers, mais il est criminel de ne pas se rendre compte que cette dépénalisation va entraîner un doublement de la consommation pour atteindre rapidement le niveau du tabac.
° Or, non seulement les dealers vont rapidement s'adapter en développant, par exemple, le trafic de l'ecstasy et de la cocaïne mais, surtout, on vous cache soigneusement l'explosion des troubles psychiatriques chez les 15- 30 ans, liée à la progression de la consommation de cannabis.
Allez voir les urgences des hôpitaux psychiatriques et vous constaterez les délires cannabinoïdes, les raptus anxieux et les décompensations d'une authentique schizophrénie pour un nombre croissant de jeunes parce qu'ils sont fragiles et que leurs cerveaux sont plus vulnérables que ceux des adultes. Les classiques troubles de la concentration et de la mémoire engendrent déjà des décrochages scolaires et une triste majoration des accidents de voitures ou de 2 roues - ce que ne fait pas le tabac -.
° De grâce, ne considérez pas le cannabis comme un simple succédané du tabac qui, lui, à cet âge-là, n'altère pas les fonctions neuro-psychologiques.
À un âge plus avancé, après plusieurs années de consommation, il est bien certain que les pathologies induites se rejoignent au niveau cancer bronchique et infarctus du myocarde, par exemple.
° Parler de sortir de l'hypocrisie est un leurre. En réalité, si la dépénalisation du cannabis, voire sa légalisation, répond à un souci théorique de maintien plus efficace de l'ordre public alors qu'en même temps, on sait que cette dépénalisation va provoquer une explosion des troubles neuro-psychiatriques chez les jeunes fumeurs plus fragiles, il est bien évident qu'en tant que médecin, je pense qu'il faut privilégier la protection de la santé mentale des jeunes.
*Dr Jean-Charles Vandenabeele pilotait un groupe de réflexion sur les toxicomanies.