Au lendemain des élections européennes, François Bayrou est revenu sur la victoire du Front National et sur la renaissance du Centre en France et en Europe.
Quelle analyse faites vous des résultats d’hier soir ?
Ce qui se passe en France est extrêmement éclairant. Nous allions vers un drame, c'était une évidence, car la vie politique française est en état de décomposition. Cela est vrai depuis de nombreuses années car la France n’a pas fait face aux difficultés qui étaient les siennes.
Aujourd’hui nous nous retrouvons devant une abstention de 60% et parmi les 40% de votants, un quart a choisi le Front National. Maintenant il y a au moins une force de renouvellement de la vie politique française, c'est le centre qui se reconstitue entre le Modem et l'UDI avec 10% des voix.
Vous vouliez apparaître comme une alternance et c’est le FN qui finalement joue ce rôle ?
Je ne crois pas cela. Le Front National propose des solutions qui sont insoutenables et invivables. Son programme est impossible à défendre pour quiconque qui exercera des responsabilités quelles qu’elles soient. Refermer les frontières de la France, être obsédé par l’origine de ceux qui forment notre pays, tout cela est dangereux.
Ce mouvement de protestation que beaucoup de Français ont choisi à travers ce vote ne sera pas un mouvement de construction pour l’avenir. Il revient donc à ceux qui ont pris conscience depuis très longtemps de ce qui allait se passer et qui ont des solutions soutenables et vivables, de prendre leurs responsabilités.
Jean-François Copé dit qu’il faut additionner le score de l’UMP et celui de l’UDI-MoDem, vous êtes d’accord ?
Cela participe d’une présentation de soir d’élection. C’est une élection à la proportionnelle dans laquelle chacun exprime des idées et dans laquelle chaque électeur a fait son choix. Il existe une force de renouvellement. Chacun sait la gravité de la crise dans laquelle va rentrer l’UMP à ce jour. On a besoin d’une force qui ne ressemble en rien à tout ce qui s’est fait depuis des années. Une force qui a la lucidité d’analyser les causes des difficultés et qui a la capacité d’apporter des solutions nouvelles. Pour tous ceux qui veulent éviter l’aventure des extrêmes, le Centre est la seule force politique de ce type en France. Le Centre se reconstruit autour de l’UDI et du MoDem avec hier, près de 10% des voix.
Au Parlement Européen, l’UDI siège avec le PPE alors que le MoDem siège avec les libéraux, comment allez-vous faire ?
Soyons précis. Nous sommes les promoteurs d’un nouveau parti démocrate européen dont je suis le Président en compagnie Francesco Rutelli pour l’Italie. Ce parti a un certain nombre d’élus et il a passé une alliance au centre de la vie politique européenne au sein de l’ADLE (Alliance des Démocrates et des Libéraux Européens). Libéraux, qui dans les autres pays européens, sont des forces centristes. Vous avez noté l’échec de l’extrême droite aux Pays-Bas. Les deux partis sortis vainqueurs sont dans l’ADLE.
Nous siègerons donc au centre de la vie politique européenne et il n’y aura pas de majorité sans nous ! Comme nous l’avions annoncé, il n’y ni majorité à droite, ni majorité à gauche au Parlement Européen. Le Centre a un candidat en la personne de Guy Verhofstadt et j’espère que la Centre va marquer le renouveau des institutions européennes comme il doit marquer le renouveau de la vie politique française.